sábado, 23 de abril de 2011

Nieve, sol, primavera, nada



Chien de printemps de Patrick Modiano


1. Publicado por Gallimard, Patrick Modiano apareció en el panorama literario al final de los años sesenta y conoció, con Michel Tournier, una gran popularidad. Lo que caracteriza su obra, además de su regreso a una escritura “simple”, es su búsqueda es la identidad del hombre moderno, cuyo paradigma es él mismo, y la exploración de la época de la Francia ocupada como un rompecabezas biográfico: el juego del destino previo.

2. Todas las primaveras se parecen. Cuando la primavera pasa por el filtro de la mirada fijada sobre un papel empapado en nitrato de plata, hablamos de una imagen de la primavera estática, que aspira al movimiento. En Chien de printemps ese movimiento es completamente emocional. La primavera tiene dos caras (pasado y presente), la primera de las cuales lleva una leyenda que indica su origen:

Il faut croire que parfois notre mémoire connaît un processus analogue à celui de photos Polaroïd. Pendant près de trente ans, je n’ai guère pensé à Jensen. Nos rencontres avaient eu lieu dans un laps de temps très court. Il a quitté la France au mois de juin 1964, et j’écris ces lignes en avril 1992. Je n’ai jamais eu de nouvelles de lui et j’ignore s’il est mort ou vivant. Son souvenir était resté en hibernation et voilà qu’il ressurgit au début de ce printemps 1992. Est-ce parce que j’ai retrouvé la photo de mon ami et moi, au dos de laquelle un tampon au lettres bleues indique: Photo Jansen. Reproduction interdite. Ou bien pour la simple raison que tous les printemps se ressemblent. (2)

Es decir que el valor ecfrástico de las fotografías no es únicamente el de la imagen registrada en una fotografía sino también el papel mismo, el soporte de la imagen tiene un valor más importante del lado del discurso literario.

Podemos hablar de un distanciamiento múltiple de la realidad, puesto que conocemos las imágenes por un narrador que sólo las habría visto en fotos cuyos títulos son considerados anodinos: « A travers cette neige et ce soleil, transparaissaient un vide, une absence »(3). Incluso cuando el fotógrafo había explicado el origen de la foto, ésta no apelaba a la existencia:

Il avait pris ces photos pour que ce soit au moins fixé sur une pellicule le lieu où avaient habité son camarade et ses proches. Mais la cour, le square et les immeubles déserts sous le soleil rendaient encore plus irrémédiable leur absence (4).

3. Un narrador que es a la vez testigo y protagonista –intradiégético- concentra los ejes de la novela y del tiempo. Gracias a él, no es confusa, pero también es claro que en la memoria del personaje narrador hay un desplazamiento constante de su estado de ánimo al de Jansen. En un sueño, los límites se borran por completo:

Je regardais les photos et brusquement j’étais frappé par la ressemblance de Colette Laurent et de mon amie de cette époque, avec qui j’avais rencontré Jansen et dont j’ignorais ce qu’elle était devenue, elle aussi. Je me persuadais que c’était la même personne que Collette Laurent. La distance des années avait brouillé les perspectives. Elles avaient l’une et l’autre des cheveux châtains et des yeux gris. Et le même prénom (5).

Y después :

La rue Froidevaux me semblait interminable, comme si les distances s’étiraient à l’infini. [...] Une pensée m’accompagnait, d’abord vague et de plus en plus précise : Je m’appelais Francis Jansen » (6).

4. Una primavera de perros es la antítesis de la primavera medieval de la vida, la juventud y el amor, una waste land interior que se disuelve en la evocación de otro tiempo, otra nostalgia, otra voluntad de desaparición; de la reconstrucción de la primavera pasada podemos adivinar la conclusión de la primavera presente:


Il m’avait dit : « Ne vous inquiétez pas, mon petit... Moi aussi il m’est souvent arrivé de tomber dans des trous noirs... » Je ne pouvais présager l’avenir, mais ici une trentaine d’années, quand j’aurais atteint l’âge de Jansen, je ne répondrais plus au téléphone et je disparaîtrais, comme lui, un soir de juin, en compagnie d’un chien fantôme. (7)

Podríamos pensar que la novela oculta un ensayo, una teoría de la memoria emocional cuya confusión aplana los límites de la realidad:

J’étais presque soulagé de cette perte progressive d’identité. [...] J’allais disparaître dans ce jardin, parmi la foule du lundi de Pâques. Je perdais la mémoire et je ne comprenais plus très bien le français car les paroles de mes voisins n’étaient maintenant à mes oreilles que des onomatopées. Les efforts que j’avais fournis depuis trente pour exercer un métier, donner une cohérence à ma vie, tâcher de parler et d’écrire une langue le mieux possible afin d’être bien sûr de ma nationalité, toute cette tension se relâchait brusquement. C’était fini. Je n’étais plus rien. (8)

Frente a la aparente gratuidad inefable de la creación, Mediano trata de hacer una revuelta de palabras, como lo había intentado, sin éxito, Jansen:

Jansen avait assisté pendant quelques mois au séances de spiritisme qu’organisait Mme de Meyendorff. Il s’agissait de faire parler les morts. J’éprouve une méfiance instinctive et beaucoup de scepticisme vis-à-vis de ce genre de manifestations. Mais je comprends que Jansen, dans une période de grand désarroi ait eu recours à cela. On voudrait faire parler les morts, on voudrait surtout qu’ils reviennent pour de vrai et non pas simplement dans nos rêves où ils sont à côté de nous, mais si lointains et si absents (10).

Lo que se despierta otra vez es la voz antigua e inmortal de la melancolía, el terror del humor negro que nos acecha. El mejor ejemplo de la voluntad de expresión que crea en el instante mismo en que niega la posibilidad de comprensión y simpatía es la nota de suicidio que aparece en un film de Almodóvar, Kika: “espero que no me comprendas, porque eso significaría que estás en el misma desesperación que yo”.

Bibliografía

Marsan, Hugo, « Chien de Printemps de Patrick Modiano », 1993
Maulpoix, Jean-Michel et al., XXe siècle. Après 1950, t.2 Paris, Hatier, 1991, 464 p.
Modiano, Patrick, Chien de Printemps, Paris, Seuil, 1993.

Notas
1. Maulpoix, Jean-Michel et al., XXe siècle. Après 1950, t.2 Paris, Hatier, 1991, 464 p., p.321
2. Modiano, Patrick, Chien de Printemps, Paris, Seuil, 1993, p. 17
3. Modiano, op.cit, p. 111
4. Modiano, op.cit, p.110
5. Modiano, op.cit, pp. 90-91
6. Modiano, op.cit, pp. 91-92
7. Modiano, op.cit, pp. 106-107
8. Modiano, op.cit, p. 117
9. Marsan, Hugo, « Chien de Printemps de Patrick Modiano », 1993
10. Modiano, op.cit, p. 77

Imagen en su contexto original

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